Une camarade socialiste

Sandrine Salerno, une camarade socialiste (c'est vrai, j'ai pas ma carte) au pouvoir à la Ville de Genève est favorable au port du voile ou autre signe ostensible pour les fonctionnaires qui trimballent leurs croyances. Elle est cool, Sandrine. Elle brade la laïcité. Elle estime que ce n'est pas au «pouvoir majoritairement masculin, chrétien et quinquagénaire» de décider. Elle voit le monde comme un film de Disney, un seul méchant bien identifié, on lui a déjà mis la pâtée, mais il se relève comme dans le dessin animé, il est à jamais masculin-chrétien-quinqua. Ça nous permet encore de dire ta gueule, le vilain. Moi je dis qu'un seul personnage pur et parfait est autorisé à la ramener, Blanche-Neige, ah non trop blanche, pardon, un seul donc peut interdire ou autoriser, Dieu.

Tous les autres, vous, moi, ta gueule. Hier à Berlin, le couple à côté au restaurant. Elle avec un foulard vague, qu'elle retire. Lui seul parle, avec autorité. Suis collée à leur table. Je ne comprends rien, il parle en arabe, il commande pour elle une soupe et pour lui un merveilleux canard grillé que je suis aussi en train de manger. Je bois un verre de vin. Elle rien. Lui non plus d'ailleurs. Il parle tourné vers elle, plaquée contre le mur et tassée sur la banquette. Suis gênée pour elle. Mon fils me dit qu'il a l'air d'être son directeur de conscience, référence catho mais pas si bête. Je ne sais pas s'il la bassine avec le voile ou autre chose. Elle est très jeune, jolie, longs cheveux noirs. Quand je pars, elle a remis son foulard sur la tête mais sans le serrer. Peut-être s'agit-il de tout autre chose, il parlait pour elle car elle venait d'arriver à Berlin et ne savait pas l'allemand, il était juste serviable? Comment baser ce petit récit sur mon simple ressenti? Qui suis-je pour relater ça et pourquoi en ces termes? Je ne suis pas Dieu. Ta gueule.
Salerno se gargarise avec «l'auto-détermination» qu'on doit laisser aux femmes. Ça sonne bien, les islamistes achètent, les adeptes d'une tolérance superficielle aussi, les amis de Sandrine, les «merci madame, vous êtes exceptionnelle», si belle en ce miroir. Ça qui compte, non, pour être élue? Si belle en ce miroir. Ma gueule.

Nadine Richon